La collection « 128 » des éditions Armand Colin s'est enrichi d'un nouveau titre avec La bande dessinée. Cette collection se destine principalement aux étudiants qui cherchent à combler rapidement des lacunes sur un sujet qu’ils connaissent trop peu, mais aussi à toutes les personnes souhaitant se cultiver par simple curiosité et qui ainsi peuvent le faire grâce à ces petits livres, libres à chacun ensuite de poursuivre ses recherches à sa guise.
Notre auteur, Pierre Fresnault-Deruelle a été professeur de sémiologie de l'image à l'université Paris-1 où il a créé le Musée Critique de la Sorbonne. En guise de présentation il nous rappelle dans les premiers chapitres de l'ouvrage les balbutiements de la bandes dessinées et surtout de la désaffection qu'elle a pu rencontrer avant d'être considérée par la suite comme le IXéme art.
En effet la bande dessinée a été fortement critiquée au début, elle n'était pas prise au sérieux. Elle véhiculait l'image d'un genre qui empruntait à l'illustration pour enfants, qui servait essentiellement de support au texte. Les planches avec uniquement des dessins n'étaient que moyennement appréciées par la critique. On n’y trouvait aucun intérêt intellectuel ni même artistique. Il y avait déjà la peinture, alors pourquoi inventer une nouvelle forme d'expression artistique. La définition même de bande dessinée a été difficile à délimiter, elle recouvre tellement de domaines possibles beaucoup de personnes se sont cassé les dents à tenter de donner une notion synthétique « suites de vignettes logiques avec des bulles ou non ». Dès l'ouverture du livre Fresnault-Deruelle a mis en garde son lecteur que des pans entiers de la culture de la « B.D » ne seraient pas évoqués car il faudrait plusieurs livres comme celui-ci pour parvenir à en parler. Il ne donne pas non plus une définition immuable car il est conscient que le genre a des limites perméables et qu'il touche d'autre formes d'expressions artistiques. Dans les premiers chapitres l'auteur évoque les premières planches historiques malgré la réticences que la B.D va rencontrer car elle va très vite trouver son public. Au début ce sont les adolescents qui dévorent les petits magazines, les Comics américains d'avant et d'après-guerre. En France, il faut attendre la parution de Spirou, du Journal de Tintin, de Pilote d'où vont découler pléthore d'auteurs lançant même une école (la ligne clair comme Hergé, l'auteur en reparle plus longuement dans la suite de l'ouvrage). Il évoque les parutions aux Etats-Unis, et au Japon avec les mangas sans s'y attarder. La suite du livre entre au cœur de ce qui fait la particularité de la B.D. Elle joue d'abord sur les thèmes abordés telle la morale, les mythes, l'inconscient collectif ce qui est déterminé dans notre imaginaire et le restitue d'une autre manière avec ses propres codes. Ensuite la B.D a sa propre technicité, les chapitres 9, 10 et 11 parlent de la figuration narrative, du burlesque, du grotesque et de la caricature, la fonction poétique, la couleur et donnent à chaque fois des exemples pour étayer le propos. A la fin du livre, des illustrations apportent un confort de lecture et de compréhension au lecteur en permettant de visualiser plus facilement les différentes réflexions de notre auteur.
Un livre a mettre dans toutes les mains, surtout dans celles de qui veulent apprendre plus de manière approfondie et ludique, une riche bibliographie permettra de pousser encore plus loin les recherches.