Première promenade : Rousseau
Rousseau naît à Genève en 1712, est élevé par un père pasteur genevois, puis recueilli à Annecy à 16 ans. Si Rousseau est un des plus fameux philosophes de langue française, on sait rarement qu’il a été musicien (il présente sans succès une méthode de notation musicale qu'il a inventé), et secrétaire d’ambassade à Venise. C’est à partir de son installation à Paris en 1742 qu’il fait la rencontre des grands de l’époque que sont Diderot, Grimm, D’Alembert ou encore Voltaire. Il est l’auteur de livres passés à la postérité et étudiés en classes tels que le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, les Rêveries du promeneur solitaire, Du Contrat social et Émile. « Toute l’œuvre de Rousseau tend à montrer que ce n’est pas tant l’être que la vie, qui est le véritable « fait primitif ». De sorte que l’amour de soi – ce premier principe de l’âme […]- doit être compris comme la structure des phénomènes de la vie – de cette vie qui […] prend sous la plume de Rousseau l’antique nom de « nature ». » (p. 41)
Seconde promenade : une philosophie de l’âme
A travers ses différents écrit, Rousseau construit sa philosophie et son éthique notamment autour de l’idée de ‘nature’ : « Jean-Jacques Rousseau, et pour la première fois sans doute dans l’histoire de la philosophie occidentale , le terme de nature ne renvoie plus à une modalité de
l’extériorité, pas plus qu’à un certain type d’
objectivité. « Nature » désigne au contraire une
intériorité absolue. » (P. Audi). L’auteur cherche ici à montrer comment par « sa philosophie de l’âme », Rousseau a cherché à relever le défi que pose à l’homme la dé-naturation de son âme par l’esprit social.
Ce livre petit par la taille mais très dense se compose de 11 chapitres cherchant notamment à explorer ce qu’est la nature pour Rousseau ; de ‘La bonté de la nature’ à l’ordre inaltérable de la nature’ en passant par les 2 principes de l’âme (l’amour de soi et la pitié), ou encore ‘l’oisiveté rêveuse’. Le tout augmenté de presque une centaine de pages d’annexes (des remarques sur certains textes) qui complètent ainsi fort à propos l’essai.
« Il est temps de conclure.
En citant peut-être une nouvelle fois André Suarès. A la question : « Qu’est-ce enfin cette nature, que Rousseau invoque sans cesse, et si amoureusement ? » La critique répondait : « La nature, c’est la vie moins la conscience: la vie moins l’homme, puisque l’homme est la conscience. » (P. Audi, p.350)
[…]extrait[…]
[…] cette « venue à soi » ne concerne que l’identification sociale du sujet, c’est-à-dire son « état civil » tel qu’il se trouve toujours déterminé par la « place » qu’il dispute à ses semblables dans ce milieu déjà constitué en son unité de sens que d’aucuns appellent un monde. Or dit Rousseau dans une phrase clé déjà citée, « parmi nous, chaque homme est double. La nature agit en dedans, l’esprit social se montre en dehors ». Ce qui veut dire que l’être-en-vie s’oppose à l’être-au-monde comme l’intérieur s’oppose à l’extérieur. (p. 41)
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L. Bart – Avril 2008