Académie universelle des cultures (Préf. E. Wiesel), Communauté, Ed. Unesco/Grasset, 2006
L’an passé nous avions présenté, dans la même collection les actes des rencontres de l’Académie universelle des cultures sur Le partage. Avant de parler plus en avant du livre, on doit dire que cette association connaît en ce moment quelques difficultés dues selon ce qui est dit sur leur site aux « difficultés toujours plus grandes, rencontrées par l'association de gestion de l’Académie Universelle des Cultures pour obtenir de la part des pouvoirs publics le soutien financier nécessaire à la poursuite de ses missions » (
http://www.academie-universelle.org). Les activités de cette Académie sont donc mises en sommeil. L’une des dernières actions effectuées a été les rencontres autour du thème « La communauté » qui se sont tenues en 2004 et dont nous vous présentons ici les actes.
Comme les précédents volumes de la collection, La communauté se découpe en plusieurs chapitres correspondant aux différents thèmes abordés. La communauté : définitions et philosophie / Histoire / Communautarisme et intégration en France / Communautés constituées sont donc les titres de ces chapitres regroupant chacun plusieurs contributions. Parmi les participants, on retrouve des grands noms des Sciences Humaines dont certains étaient déjà présents lors des rencontres précédentes. Participaient notamment à ces journées le biologiste Henri Atlan, Umberto Eco, le sociologue Alain Touraine, l’essayiste Alain Minc ou encore Bernard Kouchner.
On retiendra plus particulièrement certaines définitions de la communauté comme celle de Françoise Rivière pour qui la communauté est notamment la cohabitation de cultures. Elle ajoute que « la culture n’est pas seulement un héritage mais aussi un projet » et qu’« elle ne pré-détermine pas les individus et encore moins les comportements ». Marc Fumaroli ajoute que « vivre en communauté est inscrit dans la nature de l’homme » notamment à travers la compassion, et que la culture est un des liants principaux entre les membres d’une communauté. Cette idée de lien est essentielle pour comprendre ce qu’est la communauté. Guy Carcassonne aborde quant à lui le lien politique dont le plus fort est la nation, « ce lien s’impose de lui-même, on ne le choisit pas ». Toujours pour ce même Carcassonne, c’est « l’assujettissement aux institutions qui fabrique ce lien principal ». Le philosophe Roger-Pol Droit évoque la nécessité de lieux communs : « il n’y a pas de communauté sans lieu(x) fondateurs ».
Nous retiendrons aussi quelques contributions qui intéressent de plus près notre projet Culture a confine comme celle de l’historien Jacques Le Goff (La naissance de l’Europe chrétienne au Moyen Âge) qui soumet que la Communauté Européenne serait plus un réseau qu’une communauté. Il rappelle aussi que si « le christianisme instaure une réalité communautaire forte », l’Europe d’aujourd’hui s’est éloignée de la religion et qu’il n’existe aucune théocratie sur notre continent. Le multiculturalisme ne peut pas être absent de ces débats, il s’accompagne souvent par la création de communauté linguistique ou ethnique. Furio Colombo propose un texte (Le melting-pot) sur ce thème et sur celui du melting-pot (qui précède la notion de multiculturalisme, cette dernière émergeant dans les années 1960), « phénomène uniquement américain […] où on demande aux nouveaux venus de respecter un minimum indispensable à la vie commune[…] et d’ajouter de nouveaux éléments d’identification et non de renoncer à ceux qui lui sont propres ». Pour simplifier, le melting-pot serait la cohabitation d’individus et le multiculturalisme la cohabitation de groupes. Toni Morisson (dans Art et communautés) évoque l’art comme liant communautaire : « l’art resserre les liens de la communauté sans accorder de légitimité à des relations hiérarchiques ou conflictuelles. […] l’art élargit notre capacité de compréhension, il donne un contexte à notre comportement […]. »
Voici donc survolé les grands thèmes que la notion de communauté a permis d’aborder. Alors qu’on parle de plus en plus de savoir s’il y a par exemple une culture commune aux Européens et que cela est de plus en plus mis en doute, cet ouvrage peut nous aider à définir à comprendre ce qu’est une communauté, ce que n’est pas, ce que pourrait être ou ce que devrait être la communauté européenne.