(Jean Rouaud parle dans le poste ; sur France musique ;
entre un morceau de Scarlatti et un de Bach, entre un morceau de Chopin et un de Mozart.
J’ai fini son livre il y a quelques jours, je le laisse un peu mûrir.)
(trois jours plus tard, j’aurais aimé trouver une entame originale,
finalement cela reste très classique.)
Jean Rouaud naît en 1952 dans la Loire-Inférieure, à Campbon, près de Nantes. Venu tard à la littérature (il publie son premier livre en 1990) il connaîtra le succès immédiatement. En effet,
son premier roman, Les Champs d’Honneur (1990) lui permettra de remporter le prix Goncourt. Dès ce premier roman, Jean Rouaud évoque des souvenirs familiaux, en quelque sorte « l’air natal » comme disait Balzac à propos de la Touraine. Ecrivain d’un lieu bien particulier : « Car en fait de lieu, il n’y en a qu’un, c’est celui de l’enfance, l’enfance en soi, l’enfance est ce lieu. » et de poursuivre « De sorte qu’à la question d’où venez vous ? Il nous faudrait toujours répondre : je viens de ce clair-obscur de mon enfance, beau lieu, mauvais lieu ou non-lieu, mais de cet endroit qui, par exemple, peut représenter en surface la superficie d’un baiser maternel […]. ». Si l’histoire familiale est à la base de son œuvre, il se penche ici sur sa propre histoire, sur son enfance et sur quelques-unes de ses expériences. Ce livre dont le titre évoque un célèbre tableau de Rembrandt se situe entre deux pôles musicaux différents, entre Mozart et le blues.
Avec son style à la fois poétique et mélancolique, l’auteur nous plonge donc dans certains épisodes de sa vie, car c’est bien d’autobiographie qu’il s’agit : en quatrième de couverture, il écrit « Me voilà, c’est moi », il nous fait part de certaines de ses réflexions, nous emmène aussi dans cette Loire-Inférieure, sur ce lieu de l’enfance qui s’étend justement sur la superficie d’un baiser maternel.
Ce livre se compose de 8 textes plutôt courts et d’un poème-blues. Le tout s’articule autour d’un texte plus long évoquant notamment son expérience de journaliste pour un journal local lorsqu’on lui demandait de faire « Régional et drôle » alors que J. Rouaud s’était déjà reconnu auteur : « vous imaginez ? Exiger ça de moi qui avait vocation à l’universel et rêvait de résoudre les grandes questions qui assaillent l’humanité […] ». Régional et drôle, il l’est aussi parfois dans ce livre évoquant son enfance ligérienne avec la papeterie des Sœurs Calvaire ou le frère Honorat, sa mère à travers Anna Fierling, la mère courage de B. Bretch. Moins régional et plus piquant, l’auteur l’est aussi avec un air de ne pas y toucher lorsqu’il évoque « les exploiteurs réunis » et leur slogan : « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. » ou encore la presse- gadget dans un texte sur son expérience de kiosquier à Paris, rue de Flandre.
Enfin, le conteur se fait se fait aussi penseur (mais toujours sans aucune prétention, avec finesse et humour) de la littérature lorsqu’il développe que « raconter une histoire implique une intrigue, ou un semblant qui incite le lecteur à ne pas abandonner trop vite sa lecture » Dans ce texte ‘écrire, c’est tout un roman’ il revient notamment sur son passage de la volonté d’écrire à l’écriture, sur le choix du thème.
(Je regarde la table des matières à la recherche d’un texte que je n’ai pas lu.
Non, je n’ai pas lu les textes dans l’ordre,
je me suis laissé porter par les différents titres, les différentes histoires évoquées.
Je recherche donc un texte encore à lire et découvrant que j’ai tout lu, je me dis « déjà ! »)
(Je remets alors le disque dans le lecteur et écoute une fois de plus le blues, La Fiancée juive.)
On savait l’écrivain auteur de textes de chansons notamment pour J. Greco, on le découvre agréablement en bluesman. Un vrai blues des origines, lorsque celui-ci se basait sur 2 accords, sur un riff lancinant et racontait souvent une histoire d’amour.
Quai 21
Gare de Lyon
Destination Genève
Devant les portes ouvertes des wagons
Des hommes et des femmes
S’accrochent l’un à l’autre
…
N. Gobenceaux – Juin 2008