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Biblioforum


Dussidour D., Le risque de l’histoire, Editions Laurence Teper, 2008


  • Quand les hommes (dé)font les lieux et les lieux (dé)font l’homme


    Près d’Osijek, en Croatie, « dans cette région où on parle le hongrois aussi bien que le croate », une femme a construit une maison au fil du temps. Mais Osijek, dans les années 90, c’est aussi la guerre de Yougoslavie. Alors dans la vie de Zita tout s’effondre, sa maison aussi. Une autre femme à quelques 2000 km de là, évoque une autre maison, le Sumac qui se transforme en tripot. Cette seconde femme, écrivain va rencontrer Zita et sympathiser avec. La française, après la guerre, va se rendre en Allemagne pour recueillir l’histoire de celle qui est devenue son amie.
    En interrogeant Zita, Romane (l’écrivain français) va nous faire revivre un village croate -avec son histoire, ses histoires, ses familles, ses drames et ses espoirs – avant et pendant la guerre, sonder de quelle façon les hommes font, choisissent leurs lieux et de quelle façon les lieux contribuent à façonner les hommes. Histoire(s) et géographie(s).

    Formellement, ce texte se présente en trois parties + un épilogue.
    (La première partie est consacrée à Zita, à son histoire recueillie qui nous emmène entre Munich et l’ex-Yougoslavie ; la deuxième partie raconte l’histoire du Sumac et de sa transformation d’une maison familiale en une salle de jeux destinée à recueillir l’argent pour entretenir ladite maison ; et la troisième partie fait part d’expériences émouvantes et éprouvantes de la guerre, sortes de petites nouvelles tragiques.)

    On y retrouve certains thèmes qui nous sont chers sur ce site comme la langue, l’altérité et bien entendu l’évocation des pays d’Europe ici centrale.


    Disons en temps de guerre que la langue prend une place grandissante (rappelez vous K. Westö), ceux que l’on comprenait avant deviennent incompréhensibles : « Une langue réellement inconnue est celle dont tu ignores non seulement les mots mais aussi les choses que ces mots désignent et toute langue peut le devenir, même la tienne dit Zita à Eugen. »

    Disons le patchwork de l’histoire qui façonne les pays : « Innombrables sont nos villages d’Europe centrale que leur situation a conduits au cours des siècles à parler deux ou trois langues, écrire deux ou trois alphabets, pratiquer plusieurs systèmes monétaires et religieux, modifier les trajets de transhumance selon les déplacements des frontières, obéir à des maîtres d’origine allemande, turque, prussienne, hongroise, serbe ou croate. »

    Disons que comme toujours c’est la multitude des petites histoires qui va faire la grande histoire. Ici Zita va se chercher, s’exiler à Munich ; voir tout cela de loin pour peut-être mieux se voir, se comprendre : « A quel moment Zita a-t-elle eu l’expérience de sa propre histoire : lors de la construction de sa maison, lors de la guerre, ou avant : avec l’image ? Et moi c’est dans la sienne que je suis tombée. »

    Disons que comme la recherche du lieu accueillant est à la base de toute existence, Zita elle aussi cherche ce lieu où s’accueillir, où accueillir ses souvenirs, où accueillir l’image de ce qu’elle espère. Et Orimita qui se cache dans la maison dit : « La mémoire ne naît pas de la douleur mais de son oubli. Se souvenir signifie qu’on a oublié, je n’ai rien oublié. » avant de poursuivre : « Grandir dans cette maison aurait fait qui, de moi, m’aurait attribuer quelle place dans la famille, dans la guerre ? » Les hommes font les lieux et les lieux (dé)font l’homme.

    Disons la folie et l’incompréhension qui accompagnent toujours l’acte guerrier : « Car sur quoi tirer ? La nuit, tirer contre quoi ? Tout est désert. Contre le ciel, les étoiles, la lune. »

    Disons ce qui fait les êtres civilisés et qui nous rappelle que la civilisation n’empêche pas la guerre : « - Comment peut-tu prédire tant d’horreurs ? je lui reprochais sans cesse. Nous vivons dans un Etat civilisé, dans une démocratie. Nous avons construit des écoles, des hôpitaux, des bibliothèques, des monuments. Nous avons tiré des câbles électriques […]. Nous avons goudronné des routes […]. Nous avons des institutions, des lois […]. Nous votons et nous payons des impôts. […]. Les trains partent et arrivent à l’heure […]. Nos pensées, nos rêves, nos désirs sont modernes, un peuple aussi moderne, aussi européen se conduirait-il comme tu le prétends ? »

    Et en contrepoint le Sumac et ses histoires tout à fait différentes - dramatiques aussi lorsque Mauricette devient muette suite à un drame familial - mais qui façonnent autant des hommes et des femmes.
    Et en contrepoint les scènes de la vie de l’écrivain qui élabore aussi un lieu d’où (re)donner vie à ces personnages, un cabanon-cabinet de travail.

    Cet ouvrage est donc à la fois un livre sur les horreurs de la guerre avec des passages très poignants, un retour sur une période qui à détruit des existences, et qui fait partie intégrante de nos histoires d’européens et aussi une réflexion sur l’acte d’écrire. Ce texte est la suite de Dont actes I – L’Alouette lulu (2000) et II Les Couteaux offerts (2003).


    N. Gobenceaux - octobre 2008


    On retrouvera aussi deux textes autour de la génèse de ce roman :
    Journal du compte à rebours sur remue.net
    Une guerre sur publie.net
     

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