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Extrait d'un Atlas sur Michel Butor : L'ITALIE
(Nathanaël Gobenceaux)
> Le génie du lieu, >La modification, > Description de San Marco.
« Etudiant, toujours étudiant, comme pour Rabelais ou Montaigne, comme pour les romantiques allemands, il me fallait faire le voyage. » Une première fois Miche Butor visite l’Italie du Nord avec un frère et des amis, l’année suivante il y retourne, seulement avec le frère, pour aller à Rome, à Naples et en Sicile. Il y fit encore bien d’autres voyages. L’Italie est toujours très proche dans la vie de Michel Butor : il habite aujourd’hui dans une petite ville de Haute-Savoie, à proximité des frontières suisse et italienne, lieu de confins interculturels. Précédemment, lorsqu’il habitait Gaillard ou Nice, l’Italie était déjà à proximité.
L’Italie est présente dès le titre de son premier roman (Le passage de Milan), elle est un objet de son plus grand succès littéraire (Rome dans La modification). Un ouvrage est consacré à la basilique San Marco de Venise (Description de San Marco).
Dans le premier volume des Génie du lieu, Michel Butor évoque rapidement Mantoue et Ferrare, mais aussi Milan et Florence.
Milan : J’ai donc pris le train pour Milan où il a plu si fort toute la journée, qu’après avoir visité le nouveau musée du château Sforza, avec l’étonnante salle peinte en voûte d’arbres entrelacés sous la direction de Léonard, sans même avoir pu entrer dans cette chapelle Saint-Eustorge décorée par Froppa dont un de mes amis m’a si souvent parlé et pour laquelle il éprouve une tendresse sans aucun doute si justifiée, que je manque à chaque passage […]. (Le Génie du lieu)
Florence : […] je suis parti le soir même pour Florence où pendant trois jours je n’ai fait pour ainsi dire que dormir, ne sortant que pour les repas et pour m’enfermer à la fin de l’après midi dans une salle de cinéma […]. Le quatrième jour j’étais reposé et il faisait un temps d’octobre merveilleux, un soleil aux rayons dorés et horizontaux détaillant les collines que je considérais depuis la forteresse du belvédère, au dessus du palais Pitti, remis en état, toute nettoyée toute redevenue neuve, pour une passionnante exposition de Fresques détachées. (Le Génie du lieu)
Modène : […] ville dont le cœur ancien se développe en ruelle sinueuses bordées d’arcades autour d’un des plus singuliers et admirables de tous les monuments romans. (Le Génie du lieu)
Mantoue : […] à Mantoue, non seulement à cause de la camera degli sposi mais afin d’essayer de percer le secret de ce nom que j’avais rencontré si souvent dans des livres ou des conversations, emprunt d’un obscur prestige que je désirais éclaircir. […] [Mantoue] est un des lieux, en dehors de Rome, où apparaît avec le plus d’évidence la hantise romaine, cette espèce de désespoir qui a saisi l’Europe au moment où elle a commencé à sentir […] que l’image de l’empire comme unité du monde commençait à se fêler définitivement, s’efforçant de se masquer cette absence par une furieuse imitation de l’ »Antiquité » […]. (Le Génie du lieu)
Ferrare : Et je terminerais par ce qu’il y a peut-être de plus émouvant dans cette ville, ce qui ne se découvrira qu’à son lecteur attentif et patient : le fait que l’ensemble des monuments anciens qui nous y attirent, pour la plupart inachevés, et presque tous signés Biagio Rosetti, ce sont bien les ruines d’une cité, mais ruines d’une cité future qui n’eût jamais lieu […](Le Génie du lieu).
Rome : Au delà de la fenêtre, on ne voit plus la lune pleine mais, devant les remparts d’Aurélien, le nombre des vespas augmente et déjà de nombreuses lampes s’allument o tous les étages des immeubles récents. (La Modification)
Venise : Les gens sous les arcades, les gens qui regardent les vitrines, qui se retournent, hésitent, s’interrogent, qui reviennent, passent de l’ombre au soleil à l’ombre au soleil à l’ombre ; […] Quelques colonnes entrevues entre les deux doigts de cette main aux ongles étincelants. […] Une coupole apparaissant entre deux verres de jus de fruits. (Description de San Marco).
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