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Les pages présentées ici ont pour sujet l'Europe comme ensemble ; cohérent ou pas ? 

Des racines romaines et chrétiennes de l’Europe pour Michel Butor



  • A la fin d’un entretien sur le thème de l’atlas est venue cette question :

    En ce moment, on parle beaucoup des racines chrétiennes de l’Europe. On peut admettre ces racines chrétiennes, mais il ne faut pas oublier que les Chrétiens se sont eux-mêmes basés sur les temples païens romains, donc les racines de l’Europe ne seraient-elles pas plus romaines que chrétiennes ?

    Michel Butor nous a livré une longue réponse que voici :

    Il y a les deux. Dans La Modification, on voit très bien ça : Rome est à la fois la capitale de l’Empire romain et à la fois la capitale de l’église catholique. Et si c’est la capitale de l’Eglise Catholique, c’est parce que c’était la capitale de l’Empire romain. Donc ce sont deux choses qui se superposent avec une tension considérable. On peut très bien parler des racines chrétiennes de l’Europe, seulement quand certains de nos gouvernants utilisent ça pour dire que la Turquie ne peut pas faire partie de l’Europe -parce que la Turquie c’est l’Asie mineure-, ils oublient qu’il n’y avait pas seulement le catholicisme romain mais qu’à partir d’une certaine époque il y a le schisme entre deux églises, l’Eglise Romaine et l’Eglise de Constantinople (l’Eglise Byzantine). Et que l’Anatolie, l’Asie mineure, avant d’être un pays musulman a été un pays chrétien orthodoxe. Et on pourrait continuer longtemps sur ce sujet.
    […]
    Les racines de l’Europe moderne sont chrétiennes, mais l’Eglise Catholique s’est développée sur la structure de l’Empire romain, ensuite elle a essaimé partout. Cette relation entre les deux Rome superposées est une chose absolument essentielle. Hobbes, un philosophe anglais du XVIIè siècle, a cette formule très brillante –lui était anglican, il était anti-romain au sens religieux– qui dit que l’Eglise Catholique est le fantôme de l’Empire romain. Il y a quelque chose de profondément juste là-dedans. L’Eglise Catholique s’organise sur les ruines de l’Empire romain. A mesure de la décomposition de cet Empire, la structure est conservée dans l’Eglise. Cela est quelque chose de très très important mais en général on oublie ces histoires de schismes, les hérésies, les protestantismes… bien qu’il y a là quelque chose de tout à fait essentiel. Et c’est pour ça que l’histoire européenne est complètement hantée par l’Empire romain avec l’exemple de Napoléon Bonaparte qui veut le reconstituer. Charlemagne reconstitue l’Empire romain, ensuite Otton fait le Saint Empire romain germanique, après ça Napoléon transforme la France en empire. Il s’agit que Paris soit la nouvelle Rome. C’est pour cela qu’il se fait couronner empereur à Paris mais par le Pape de Rome. Il va enlever le Pape à Rome pour être couronné empereur romain à Paris. Et il se fait représenter comme empereur romain sur l’Arc de Triomphe du Carrousel qui est une imitation comme on pouvait en faire à cette époque de l’arc de Constantin. Constantin est l’empereur qui a changé de place la capitale de l’Empire romain, qui est passée de Rome à Constantinople. Si on était passé de Rome à Constantinople, pourquoi ne pas passer de Rome à Paris. Dans le film de Eisenstein, Ivan le Terrible, il y a un moment où l’empereur Ivan –et on était en pleine période stalinienne– prend le pouvoir et déclare que Moscou est la troisième Rome. Rome, Constantinople et Moscou. Et pour Napoléon, Rome et puis Paris, avec des monuments romains à Paris dont le plus important est l’Arc de triomphe du Carrousel pour lequel il se fait représenter en empereur romain sur un quadrige. Ce quadrige est tiré par les chevaux de bronze enlevés de la façade de San Marco à Venise. Ces chevaux de San Marco ont été rapportés par les croisés lors de la quatrième croisade. Donc ce sont des chevaux qui étaient à Constantinople et qui peut-être avaient été apportés de Rome à Constantinople par Constantin. Ca Napoléon n’en savait rien, mais il savait très bien que les chevaux de Venise venaient de Constantinople. Puis après le congrès de Vienne, les chevaux ont été rendus à Venise et on a remplacé la statue de Napoléon par ce qu’il y a maintenant, c’est à dire un quadrige qui tire le char de la paix conduit par la Restauration.
    Et cette hantise de Rome n’existe pas seulement chez les Français. A chaque fois que le mot empire est prononcé c’est toujours la nostalgie de l’empire romain qui se manifeste et qui s’accompagne d’un certain nombre de signes très importants et en particulier l’arc de triomphe. Les musées jouent un rôle très important là-dedans, les collections d’Antiquités jouent un rôle très important pour relier la nouvelle capitale à l’ancienne. Les Anglais ont vu que c’était formidable d’avoir un arc de Triomphe, que ça rendait vraisemblable la filiation romaine. Lorsque l’Angleterre et ses compagnies sont devenues un Empire (il y a eu l’Empire des Indes, et c’est à partir de cet Empire des Indes qu’il y a eu la notion d’Empire britannique), Victoria a décidé qu’il y aurait un arc de Triomphe à Londres, qui s’appelle Marble Arch. Les Français ont compris aussi que l’Arc de triomphe était idéologiquement rentable alors ils en ont fait d’abord un, puis ils en ont fait deux, puis ils en ont fait trois, et en ligne droite.


    Propos recueillis par N. Gobenceaux en février 2008.


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    Popoli e culture da sempre hanno i loro miti. Nessuna società a noi nota ne è priva, fra le centinaia e migliaia che hanno popolato il pianeta nei millenni; a parte, forse (ma la tesi è molto dubbia), la nostra.
    Il dubbio, si può dire, è la norma, in quanto nello studio dei miti le incertezze e i disaccordi fra gli esperti sono assai numerosi, anche più di quanto non accada nei campi (già paurosamente controversi) della letteratura e della storia delle religioni. Alcuni punti fermi si possono trovare. Il mito (che in greco vuol dire parola, discorso) è una narrazione che svolge diverse funzioni: conoscitiva, sociale, sacrale. Ma già a questo livello è possibile fare delle obbiezioni…

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    Kenneth White, poète, écrivain et essayiste, président-fondateur de l’Institut international de géopoétique (www.geopoetique.net) “Europe, Atlantique, culture” Texte tiré de la livraison 2005 de la brochure annuelle éditée par l’Institut international de géopoétique à l’intention de ses adhérents, Europe et géopoétique.
  • APERÇU SUR L’HISTOIRE DE L’INFLUENCE DE LA CULTURE FRANÇAISE SUR LA CULTURE ROUMAINE (billet roumain par M. Marginean)


    D’un point de vue culturel, les relations entre la Roumanie et la France apparaissent en 1699, quand fut publié par Nicolae Milescu-Spãtaru le premier document théologique chrétien écrit en langue latine. De plus, les chroniqueurs Miron Costin et Dimitrie Cantemir (1), deux des principaux écrivains de langue roumaine, utilisent beaucoup de mots d’origine française. Les relations culturelles avec la France crurent du fait de la nécessité de faire des traductions littéraires du français au roumain et de faire une bibliothèque avec des livres français.
  • EXCEPTION ET DIVERSITE CULTURELLE : L’AUDIOVISUEL AU CENTRE DES PREOCCUPATIONS EUROPEENNES. (1986-1998) (Yannick Sellier)


    Depuis les années 1980, le statut ambigu de la radio et de la télédiffusion pose problème aux Européens. Une analyse rapide des discours laisse supposer que, d’une manière générale, la Commission européenne fonde son intervention en tenant compte, plus volontiers, de la dimension matérielle de l’audiovisuel (entreprises de production, canaux de diffusion), tandis que les Etats- membres, la France en particulier, pensent leurs actions en fonction de sa dimension immatérielle (art, culture, identité). L’étude des archives nationales et de la presse fait apparaître une articulation de ces deux dimensions qui évolue au fur et à mesure des grandes négociations européennes (discussion des programmes de soutien) et internationales (GATT et AMI).
  • Des racines romaines et chrétiennes de l’Europe pour Michel Butor


    A la fin d’un entretien sur le thème de l’atlas est venue cette question :
    En ce moment, on parle beaucoup des racines chrétiennes de l’Europe. On peut admettre ces racines chrétiennes, mais il ne faut pas oublier que les Chrétiens se sont eux-mêmes basés sur les temples païens romains, donc les racines de l’Europe ne seraient-elles pas plus romaines que chrétiennes ?
    Michel Butor nous a livré une longue réponse que voici :

  • LES EUROPEENS SELON HONORE DE BALZAC (N. Gobenceaux)


    Balzac a voyagé, un peu ; ce ne fut pas ce qu’on appelle un grand voyageur, mais il traversa tout de même l’Europe, une fois pour aller rejoindre Mme Hanska à Saint-Pétersbourg, une fois pour rejoindre Mme Hanska chez elle, en Ukraine (la Pologne à l’époque), à Wierzchownia. Cette Mme Hanska fit voyager Balzac ; ils se retrouvèrent à Genève, à Vienne, à Dresde.






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