Il existe, entre la France et un certain nombre de pays de l’Europe de l’Est, une relation plus étroite que ce qu’on pourrait imaginer d’un premier abord. On pourrait par exemple être surpris d’y trouver des personnes parlant un excellent français alors qu’elle ne sont parfois jamais venues jusqu’en France. La Roumanie, récemment entré dans l’Union Européenne, fait partie de ces pays dont on ignore aujourd’hui que des relations fortes avec la France ont été tissées au court de l’histoire. Ce sont certains épisodes de ces relations culturelles qui nous sont brièvement rappelés ici.
D’un point de vue culturel, les relations entre la Roumanie et la France apparaissent en 1699, quand fut publié par Nicolae Milescu-Spãtaru le premier document théologique chrétien écrit en langue latine. De plus, les chroniqueurs Miron Costin et Dimitrie Cantemir (1), deux des principaux écrivains de langue roumaine, utilisent beaucoup de mots d’origine française. Les relations culturelles avec la France crurent du fait de la nécessité de faire des traductions littéraires du français au roumain et de faire une bibliothèque avec des livres français. A cette époque, les gens lisaient « La Gazette de Paris », « Le Journal encyclopédique ».
Ion Budai Deleanu, un des plus grands auteurs de la période des Lumières, a été influencé par les idées de Montesquieu, Rousseau et Voltaire. Ses romans allégoriques étaient d’un style similaire aux romans français. Son œuvre la plus représentative est
Tiganiada, œuvre héroïco-comico-épique. Chesarie Râmniceanul et Leon Gheuca, autres auteurs roumains, propagèrent en
Wallachia et en
Moldavia les théories des Lumières, particulièrement/principalement à partir de
L’Encyclopédie de Diderot.
Quoique les
Lumières roumaines soient différentes des
Lumières françaises, ces dernières ont imposé un style dans le processus de création propre à la Roumanie et contribué à occidentaliser la culture roumaine du XIXè siècle.
Titu Maiorescu (2), un critique littéraire, et Nicolae Bacescu (3) ont étudié à Paris. Nicolae Bacescu a suivi les cours de philosophie et d’histoire donnés par Edgard Quinet et Jules Michelet. Nicolae Bacescu a fondé à Paris la
Société des étudiants roumains (Societatea Studentilor Romani).
Eugen Lovinescu (4), critique littéraire et historien de la littérature, était aussi à Paris pour étudier. Son contact avec les livres critiques de Titu Maiorescu ainsi qu’avec la littérature française fut décisif dans la définition de son style.
De même qu’en littérature, on peut retrouver l’influence de la culture française sur la culture roumaine dans les autres domaines artistiques. Nicolae Grigorescu et Ion Andreescu, peintres bien connus en Roumanie, élaborèrent leurs styles dans l’environnement impressionniste de l’école de Barbizon. Ils ont été à l’origine d’un changement fondamental dans l’évolution de l’art en Roumanie.
Manuela Marginean, Roumanie
Notes
(1) Miron Costin a utilisé des mots français comme : “virtute”, “cronica”, “tratat”.
Et Cantemir: “avocet”, “anatomic”, “anonym”, “antidote”, “argument”, “atom”, “dialectic”, “experientie”, “ironic”, “comedie”, “sfera”, “sinonim”, “stiinta”, “piranie”, “tropic”
(2) Les principaux titre de Maiorescu sont : “Critice”, “Logica”, “Prelegeri de filosofie”, “Discursuri parlamentare cu privire asupra dezvoltarii politice a Romaniei”.
(3) Nicolae Balcescu était un écrivain et un historien. Il est notamment l’auteur d’ouvrages importants tels que : “Istoria Romanilor sub Mihai Voda Viteazul”, “Scrieri istorice, politice si economice (1844-1847)”, “Corespondenta. Scrisori, memorii, adrese, documente, note si materiale”, “Puterea armata si arta militara de la intemeierea principatului Valahiei pana acum”.
(4) Eugen Lovinescu a soutenu sont doctorat à Paris avec Emile Faguet (le titre de la thèse est “Jean-Jacques Weiss et son oeuvre littéraire”). Le contact avec la littérature française est important pour définir son style. Il a par exemple été influencé par les idées de Gabriel Tarde (“Les lois de l’imitation”), un sociologue français, et par son « imitation theory ». dans cette théorie, Gabriel Tarde que les gens tendent à imiter des fortes personnalités ou des sociétés fortes. Eugen Lovinescu a appliqué à la civilisation roumaine româna. Son opiion est que, à travers l’imitation , les petites nations ont tendance à à rattraper les nation les plus avancées. Cette théorie est visible dans l’ouvrage de Lovinescu :Istoria civilizatiei romane moderne”.
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Article mis en ligne en Mai 2008