« Ce que je comprends devient songe, ce que je ressens devient conscience »
(Jean Tardieu).
…et si l’écriture n’était que la découverte de mes propres signes, de ma singularité perdue dans le chaudron commun, mon inlassable lutte, la résistance obstinée de tout mon être pour ne pas être l’autre ?
Et si la lecture était indissociablement liée à cette quête singulière, repérage dans l’écriture de l’autre de ce qui me fait être moi : sortir, exister ?
Et si l’art et son cortège de sens, sensations, plaisirs, désirs, ludiques transgressions indispensables, inconfortables, incontournables, incompréhensibles et invérifiables étaient une nécessité intérieure inhérente à l’être ?… Et si l’atelier de l’artiste contemporain était le laboratoire nécessaire à la compréhension du monde d’aujourd’hui ?
Et si les sensations, les sens étaient ce qui donne ... corps au sens ? Et si créer, se créer, était la meilleure façon d’apprendre ?
Et si l’institution et le social n’étaient qu’une gangue protectrice des singularités, à casser, à émietter, à retourner et à retourner encore, pour trouver son propre sens ? Et si le laboureur de la fable avait raison d’en parler à ses fils ?
Et si toutes ces spéculations étaient vérifiables, trouverions-nous plus de sens à regarder le ciel étoilé des gravures de Skoda et notre considération irait-elle à ce grand livre ouvert sur lequel rien n’est écrit, aussi blanc que la disquette du logiciel de Fred Forest ? …[1]
Alain GOBENCEAUX
NOTE
[1] Fred Forest, Les logiciels de l’imaginaire, œuvre réalisée en 1991