En un certain sens, le politique a pour rôle de choisir ce qui est bien ou ce qui semble le mieux pour les citoyens, pour ceux qui l’ont élu mais aussi pour ceux qui ne l’ont pas élu. Cependant, le politique doit-il insister pour faire passer des lois qui ne semblent pas avoir une majorité dans l’opinion, et ce malgré ses convictions (ou ses intérêts) personnelles. C’est un peu ce qui s’est passé ces dernières années en France où un gouvernement légitimé par un cas de force majeur (la présence de l’extrême droite au second tour des présidentielles) a pris des décisions allant à l’encontre de la majorité du peuple. L’une de ces réformes a été la réforme de l’impôt sur le revenu profitant aux hauts revenus sous prétexte qu’ainsi ils vont consommer et ainsi relancer la consommation. Ces derniers temps, le gouvernement s’est singularisé en n’écoutant pas les lycéens qui refusaient la réforme proposée par le ministre de l’Education. Le ministre a fait semblant de les écouter en disant ouvertement « causez et manifestez toujours, je ferais passer mon projet en force ». Avant cela le gouvernement n’avait pas entendu la grogne qui avait qui s’était manifestée lors des élections régionales, calamiteuses pour le pouvoir en place.
Que reste-t-il au « bon peuple » lorsque celui-ci a non seulement l’impression de n’être pas écouté, mais plus encore lorsqu’il a l’impression d’être le dindon de la farce ? Comment réagir dans un cas de mépris (car c’est de mépris qu’il s’agit ici) ouvert ?
Les deux solution principales sont, me semble-t-il, la désaffection (on laisse faire et on ne participe plus puisque cela ne sert à rien) et la violence (puisqu’on ne nous écoute pas, on va utiliser la force pour les pousser à nous écouter).
Y a-t-il une solution meilleure que l’autre ?
Finalement c’est une combinaison des deux qui se passe en France : la désaffection des moyens démocratiques (certains scrutins ont connu ces dernières années des taux d’abstention record) et la violence (dont le paroxysme a été observé lors des conflits avec les intermittents du spectacle et les lycéens).
Alors faut-t-il s’étonner de voir le « non » à la constitution européenne menacer quand ceux qui défendent cette constitution sont précisément ceux qui ont contribué à décrédibiliser l’homme politique. En effet, il se peut que ce « non » soit une illustration de plus du ras-le-bol des politiques administrateurs qui vivent hors du monde, dans une bulle peut-être prête à exploser.
Hatvan Odz