Souvent, les mots prennent un sens qui n'est pas le leur. Leur signification dévie de leur essence originelle. “Ecologie” fait partie de ces mot qui n'ont plus tout à fait la signification de leur définition. En effet, en remontant à l'origine littérale du terme, on trouve éco + logie . On peut rappeler que éco et logie viennent du Grec, respectivement de oiko (maison, habitation) et logos (science, discours). Pris au pied de la traduction, l'écologie est donc le discours, la science de l'habitation.
On peut dire que l'écologie étudie la relation entre le milieu et l'homme et la façon qu'a ce dernier d'habiter le milieu. Discours sur le résultat de l'habiter, l'écologie est parfois aussi appelée science de l'environnement, de ce qui entoure l'être humain. Tout le monde connaît les caricatures des partis écologistes en groupement de babacools naturophiles qui protègent la verdure en lui donnant leur préférence sur les hommes. Un homme politique de droite disait récemment que les partis à proprement parlé écologiques n'avaient plus lieu d'exister puisque l'écologie étaient partie intégrante de tous les programmes politiques. Cela conforte la caricature précédente. En effet, l'écologie n'est pas l'apanage des “verts” puisque l'écologie concerne tous les hommes de la Terre, qu'il le veuille ou non. L'écologie est, comme nous l'avons vu plus haut, une relation obligée à l'environnement (qui n'a pas de relation avec son environnement ?). Tout cela est le résultat de la dérive, de la déformation de la définition du mot. L'écologie devrait donc être la science de l'habitation humaine en relation et surtout en harmonie (et c'est là que bien des partis politique ne peuvent plus se réclamer de l'écologie) avec ce qui l'entoure. De plus, le terme oiko s'est élargit : on l'entend aujourd'hui comme “maison de l'humanité, la Terre”.
Plus qu'un discours sur l'habiter, le couple oiko-logos devrait se doubler d'une oiko-logikê (une éco-logique). C’est-à-dire d'une habitation (d'une façon d'habiter) raisonnable de la Terre, c’est-à-dire d'avoir une relation raisonnable à l'habitation (maison) de l'humanité qu'est la Terre. La politique est un des médias pour construire cette relation à l'habiter raisonnable. Elle est, entre autres, le discours sur l'habitation, la relation écologique dans les deux sens exposés ici.
Proposons donc aux “verts” de faire une politique écologique, raisonnable et raisonnée, ce que les autres partis ne semblent pas tout à fait prêts à envisager.
Hatvan ODZ
REPONSE de A. S. DUFLOT
Alors, après lecture de ton petit texte, j'ai tout de suite pensé au principe de développement durable. Pour moi, c'est un enchaînement logique à tout ce que tu racontes sur l'écologie et les discours des politiques.
Je reprends ce que tu racontes :
"C'est-à-dire d'une habitation (d'une façon d'habiter) raisonnable de la Terre, c'est-à-dire d'avoir une relation raisonnable à l'habitation raisonnable respectueuse, de bon sens) à l'habitation (maison) de l'humanité qu'est la Terre. La politique est l'un des médias pour construire cette relation à l'habiter raisonnable."
Dans ce cas, il faut se poser la question sur "qui " a mis en avant ce principe de développement durable ? Ce sont les partis de gauche unis qui ont lancé ça et l'on mis en pratique. La LOADDT, c'est Voynet. Et dans la pratique, ce sont les communes de gauche qui développent les Agendas 21 locaux (document ayant pour objet de coordonner les actions d'une collectivité locale en vue et dans le sens d'un développement durable). Je l'ai bien vu l'année dernière quand j'ai travaillé sur l'évaluation des agendas 21 du Nord-Pas de Calais.
Donc même si c'est un gouvernement de droite qui a initié un ministère de l'écologie et du développement durable. J'ai franchement pas l'impression qu'ils mènent réellement des actions dans cette optique. La politique de Bachelot a, il me semble, été beaucoup controversée.
J'ai l'impression que l'écologie et le développement durable sont des convictions de gauche. Et les verts sont importants dans le maillage politique, car c'est eux qui apportent cette transversalité entre les différentes politiques et l'environnement. Les études d'environnement (d'impact) doivent à terme prendre part dans l'ensemble des actions qui sont menées.
“Le principe de développement durable est un principe mondial, et non pas local, qui a pour ambition de conserver le monde en l'état. Ce principe est fondamentalement conservateur. Ce principe prolonge en fait la philosophie qui encourageait les travaux sur la croissance zero. Ce type de conservatisme est difficile à admettre dans un monde où s'accusent les disparités et inégalités. Il est impératif de changer la ville plus que de la conserver. L'application de ce principe de DD suppose une stabilité des conditions naturelles, un équilibre dépourvu de dérive tendancielle. C'est une vision statique du monde que la science moderne condamne pleinement. Indépendamment de l'action humaine, la planete évolue […].”
[A . Dauphiné, Risques et catastrophes, Armand Colin]
Bien sûr le développement durable doit être pensé à l'échelle mondiale. Mais il faut bien que les actions se déclinent localement. Et contrairement à ce qui est dit, il n'y a aucune idée de "statique". Je ne suis pas d'accord sur le fait que ce soit un principe "conservateur". Relisez les textes fondateurs. Il s'agit bien d'un DEVELOPPEMENT, donc d'une évolution en phase avec les besoins de développement actuels, mais respectueux d'un environnement tout simplement.
Il faut accompagner les projets et éviter de refaire les erreurs précédentes !
Un développement respectueux n'est pas chose impossible !!!