Si on relit aujourd’hui ce court poème composé en 1225-1226 par saint François d’Assise, on peut dire qu’il prend une dimension tout à fait étrange fustigeant indirectement le monde actuel en bien des points.
Dans ce cantique, « seul Dieu est loué, même si les créatures ont une part active dans la célébration du créateur » (M.F.). Ici, l’homme ne vaut pas plus que le soleil ni que (et) les animaux. Cela rappelle les sociétés dites primitives ou autres qu’occidentales que l’on qualifie de circulaire : l’homme n’y est qu’un élément du monde parmi les autres, à égalité avec les pierres, les animaux, le soleil. Ces sociétés s’opposent par là aux sociétés occidentales qui hiérarchisent les éléments, situant l’homme au-dessus de tout.
Saint François remet aussi au-devant une notion parfois oubliée de nous : celle de la nature qui est au centre de toute chose. Il nous parle des éléments avec des mots simples qui s’opposent aux discours alambiqués et à la complexité actuelle.
En relisant ce petit texte on s’aperçoit qu’il nous rappelle que « nous n’héritons pas de la terre de nos parents, mais que nous l’empruntons à nos enfants », que c’est la terre qui nous nourrit et non l’ordre économique mondial, que la « lune et les étoiles sont claires, précieuses et belles », que le « vent est un frère », que « tous les temps assurent aux créatures la subsistance », et que face à tout cela, au lieu d’adopter une posture ostentatoire, l’homme devrait s’épancher en humilité.
François aurait-il pu penser que 8 siècles après sa composition, son poème serait une véritable bouffée de fraîcheur dans un monde de pollutions visuelles, sonores et autres.
Nathanaël Gobenceaux